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Le cabinet de curiosité : entre traditions et modes actuelles

L’histoire du cabinet de curiosité

Aujourd’hui le cabinet de curiosité est particulièrement à la mode mais il faut savoir que son origine est très ancienne. Dès le XVe siècle, les souverains et humanistes européens avaient toujours près de leurs chambres, une pièce de petite taille richement ornée de peintures, de marqueteries, ou de sculptures que l’on appelait cabinet. Ces petites pièces étaient utilisées comme de véritables espaces de travail et contenaient des objets de toutes sortes permettant de mieux comprendre le monde. La richesse ornementale et l’opulence des collections étaient telles que ces pièces étaient parfois de véritables lieux de prestige qui pouvaient être visités : ces cabinets sont en quelque sorte les ancêtres de nos musées actuels.

Frontispice du Musei Wormiani Historia, représentant l'intérieur du cabinet de curiosités du danois Ole Worm au XVIe siècle. On peut y voir beaucoup de Naturalia : animaux naturalisés, coquillages, mais aussi des exotica dont de nombreux objets ethnographiques.

Ces cabinets de curiosité ont marqué l’histoire de l’Art et la célébrité de certains a traversé les siècles. Au XVIe siècle, à Mantoue, en Italie, Isabelle d’Este possédait une fabuleuse collection de tableaux allégoriques qui côtoyaient des collections de monnaies anciennes et de reproductions de sculptures antiques. Toujours au XVIe siècle, la collection de l’archiduc Ferdinand II au château d’Ambras en Autriche, était plus orientée vers le monde de l’étrange et de l’extraordinaire. Dans sa collection se trouvaient mêlés des portraits de personnes hors du commun, des objets minuscules, des instruments scientifiques, des animaux naturalisés mais aussi une collection importante d’armes et de monnaies.

L'un des portraits peints issu de la collection de l'Archiduc Ferdinand II. Il s'agit du hongrois Gregor Baci qui aurait survécu a un accident de joute aux alentours de 1550. Gregor Baci, Anonyme, XVIe siècle, Kunsthistorisches Museum, Vienne.
Un autre tableau issu de la collection d'Ambras, Petrus Gonsalvus, le premier cas connu d'Hypertrichose. Petrus Gonsalvus, Anonyme, 1580, huile sur toile, 190 × 80 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne.

En France, au XVIIe siècle, la collection de Gaston d’Orléans était composée de médailles, de sculptures antiques, d’ouvrages anciens, mais aussi de « Naturalia », dont l’importante collection de peintures sur vélin réalisées par Nicolas Robert détaillant les plantes issues de son jardin botanique au château de Blois.

Mandragoras faemina, Nicolas Robert, peinture sur vélin, fol 26, XVIIe siècle. L'une des peintures sur vélin issue de la collection de Gaston d'Orléans.

Au cours du XVIIe siècle, la pièce cabinet est parfois remplacée par le meuble « cabinet » imposant meuble d’ébénisterie, orné de matériaux précieux (écailles de tortue, ivoire, marqueterie de pierres dures et différents bois rares), qui était composé de cachettes permettant d’accueillir différents objets de curiosité (voir article sur l’utilisation du placage en ébénisterie.)

Cabinet de curiosité, Domenico Remps, 1690, huile sur toile, 99 x137 cm. Ici les curiosités sont enfermées dans un meuble de type cabinet.

Curieuses catégories …

A partir du XVIIIe siècle, sous l’impulsion de la philosophie des Lumières, il devient essentiel de classer et trier les collections. Quatre catégories principales émergent :

  • Les naturalia rassemblent tout ce qui provient de la nature, tant animal que végétal. On y retrouve des minéraux, des herbiers, des coraux et une certaine prédilection pour les coquillages.
  • Les exotica sont des curiosités issues de pays lointains. Cela peut être des animaux exotiques naturalisés, ou des objets appartenant aux civilisations lointaines.
  • Les scientifica regroupent des objets mécaniques ou scientifiques tels que les horloges, ou les automates.
  • Les artificialia présentent des objets transformés par l’Homme : des tableaux, des sculptures, des pièces d’orfèvrerie ou des monnaies antiques.

Quelles sont les pièces à chiner aujourd’hui ?

Aujourd’hui on privilégie plutôt les objets curieux ou ayant un lien avec l’histoire naturelle. Les pièces indispensables sont évidemment celles issues de la nature (les coquillages, les herbiers, des collections entomologiques, des reproductions d’histoire naturelle, des coraux, ou des fossiles). On retrouve aussi régulièrement des objets religieux (cadres, statuettes, ou chapelet) qui permettent d’ajouter un coté mystique à la collection. Les instruments scientifiques (globes, horloges, flacons apothicaires, balances), renforcent l’aspect « connaissance du monde »  qui est à l’origine de la création des cabinets de curiosité. On peut évidemment laisser libre cours à son imagination, en exposant par exemple des jouets anciens.

La clé de la réussite pour ce type de déco est l’accumulation. En effet, il ne faut pas hésiter à acquérir un grand nombre d’objets de la même catégorie tout en mixant les formes et les matières.

La mise en scène est un autre point important, ici, plusieurs solutions s’offrent à nous :

  • Opter pour un meuble de type vitrine afin de dévoiler sa collection.
  • Réserver une partie d’une pièce à sa collection, en présenter une partie sur un meuble (console, bureau, etc.) et utiliser le mur pour exposer des miroirs de sorcières et des cadres de collections entomologiques. Pour renforcer le coté intimiste et mystérieux du cabinet de curiosité, il est intéressant de conserver une peinture murale sombre.
Exemple d'une déco actuelle d'inspiration cabinet de curiosité composée de miroirs, d'illustrations d'histoires naturelles et de cloches en verre. Source photo : http://www.aventuredeco.fr/inspiration-cabinet-de-curiosites/

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